Généralement, lorsqu’une personne se présente, elle donne son prénom, son nom et sa fonction, éventuellement sa situation familiale… Bon ! Mais lorsque c’est le célèbre espion des services secrets de Sa Majesté qui dit : « Mon nom est Bond, James Bond… », il y a tout un univers qui se présente avec lui.

"My name is Bond, James Bond !"
Idem pour notre petit héros national, Astérix : « Bonjour, je suis Astérix… » Et c’est tout un monde qui débarque… On pense directement à ses aventures, à Obélix et Idéfix, à la potion magique, au village d’irréductibles Gaulois. On pense à son intelligence, à son intrépidité, à sa malice et à la fidélité de son amitié. À la confiance que lui font les habitants de son village pour résoudre leurs difficultés. On pense à la camaraderie, aux baffes… et aux Romains...
Il y a tout un univers autour de l’identité de ces personnages de fiction et leur nom est directement associé à cet univers.
Par ailleurs, si on observe ce qui définit les grands patrons charismatiques, on se rend compte qu’à travers leur identité, eux aussi incarnent totalement l’univers auquel ils sont associés, car ils ont compris que pour développer leur notoriété, ils devaient exprimer leurs valeurs personnelles et partager leur vision du monde et leur mission professionnelle, voire personnelle. Même si celles-ci ne sont pas mentionnées directement dans leur communication, tout ce qu’ils font en est imprégné et est parfaitement cohérent avec l’image qu’ils ont voulu révéler d’eux-mêmes. C’est tout un univers qui s’exprime avec eux.
Voici quelques exemples :
- Richard Branson incarne la dimension du service, de l’audace et de l’innovation (notamment avec sa société Virgin Galactic). Il est aussi à l’origine, avec Nelson Mandela, du « Global Elders », une ONG dont l’objectif est de résoudre les problèmes mondiaux considérés comme insurmontables.
- Nicolas Hayek incarnait l’art du management lui-même, l’esprit de famille et d’équipe, la spontanéité et l’intuition.
- Alain Afflelou incarne toute une révolution du monde des lunettes basée sur la connivence avec le consommateur.
- Michel et Augustin se sont déclarés eux-mêmes comme étant les trublions du goût. Ils incarnent aussi la joie de vivre, l’originalité et le bonheur de travailler en équipe. Ils ont reçu le prix Phénix de l’innovation et de la communication en 2010.
- Tristan Lecomte, incarne le développement durable, le respect de l’humain, ainsi que la lutte contre la déforestation et le changement climatique.
- Hapsatou Sy incarne l’esthétique et l’entrepreneuriat au féminin. Elle est devenue une icône, tant par sa beauté que son intelligence. Elle a remporté en 2011 le Prix Trofémina catégorie Business et a été sélectionnée la même année pour représenter l’entrepreneuriat français au G20.
- Faut-il présenter Steve Jobs ?
Et pour en arriver là, cela commence par faire un travail sur soi afin de découvrir qui on est vraiment et quelle image on souhaite donner (il n’est pas nécessaire d’en fabriquer une, exprimer qui on est authentiquement est bien plus probant).
Mais paradoxalement, dans la vie quotidienne, il est rare que nous soyons fidèles à nous-mêmes en toutes circonstances et notre personnalité varie, non seulement en fonction des situations auxquelles nous sommes confrontés, mais aussi des personnes avec lesquelles nous sommes en interaction. Certains ont même la capacité de jouer d’autres rôles que le leur, tels les acteurs et les « caméléons », comme par exemple Frank Abagnale Jr. (dans le film "Arrête-moi si tu peux"). Sans le vouloir, et sans même nous en apercevoir, il nous arrive à nous aussi de jouer des rôles. Souvent par manque de confiance en la personne que nous sommes réellement, soit parce que nous n’aimons pas toujours ce que nous représentons à nos propres yeux, soit parce qu’au fond de nous, nous pensons ne pas être à la hauteur ou qu’il vaut mieux présenter un certain visage si nous voulons être appréciés par les autres.
L’ironie de tout cela, c’est que nous basons notre perception de nous-mêmes sur des idées souvent erronées, inculquées par notre entourage, par les événements que nous avons vécus ou par notre société, et parce que nous pensons connaître les personnes que nous côtoyons et savoir ce qu’elles attendent de nous…
Nous sommes nombreux à faire cela. Nous nous baladons avec des masques, en faisant des présupposés sur nous-mêmes, sur les autres et sur le monde qui nous entoure par la même occasion. Tout en considérant que tout cela est réel. Ce qui complique sérieusement notre relation à nous-mêmes et à notre entourage, nous amenant parfois à avoir des comportements irrationnels et conflictuels.
Bref, nous jouons des rôles pour pallier une mauvaise perception que nous avons de nous-mêmes, en fondant celle-ci sur des idées reçues, non vérifiées. Alors qu’en fin de compte, notre personnalité est souvent bien plus subtile et lumineuse que ce que nous pouvons imaginer. Ce qui veut dire que nous avons bien besoin de faire le tri dans tout cela, afin de retrouver notre intégrité et notre authenticité.
Voici une explication succincte sur la façon dont se forme notre personnalité :
Lorsque nous sommes enfants, notre personnalité est toute lisse. Mais confrontée à nos proches et à la société dans laquelle nous évoluons, la perception que nous avons de nous change. Notre entourage nous apprend ce qui est bien et ce qui est mal, selon son point de vue, autant que ce qu’il attend de nous. Très vite, nous avons à faire face aux opinions des autres. Et petit à petit, nous commençons à nous juger nous-mêmes.
Par ailleurs, nous avons besoin de comprendre comment les autres fonctionnent, alors nous les testons et faisons parfois des expériences dont nous ne sommes pas toujours très fiers. C’est alors que notre image de soi commence à s’assombrir :
° « Je suis trop ceci ! »
° « Je ne suis pas assez cela ! »
° « Je n’y arriverai jamais ! »
° « Je suis nul ! »
° « Ce n’est pas pour moi ! »
° Etc.
Notre besoin d’être appréciés par les autres prend le dessus. Et nous commençons à créer nos premiers masques pour camoufler ce que nous pensons être et que nous n’aimons pas, afin de nous estimer davantage et d’être aimés par notre entourage.
Tout cela devient très vite une source de frustration importante. Mais on s’y habitue, on oublie rapidement qu’on joue des rôles, et ceux-ci finissent par devenir notre identité.
Il n’y a pas à s’offusquer de cela, car il y a de fortes chances que les êtres humains fonctionnent ainsi depuis des millénaires, quelle que soit la partie du globe où ils se trouvent. Toutes les sociétés sont prisonnières de ces mécanismes et il est probable que cela soit significatif de notre survie en communauté.
Au plus profond de nous, il y a notre Moi authentique, la réalité concernant ce que nous sommes et qui nous sommes.
Mais ce Moi authentique, avec toute son étrangeté, ses marottes et son audace, se trouve enfoui sous une couche de honte, de peur, de culpabilité à propos de la personne que nous craignons d’être.
Et afin de nous assurer que les gens nous aiment, nous approuvent, nous donnent une rémunération, nous ajoutons une autre couche au-dessus de ce Moi que nous voulons cacher, et qui devient la personne que nous prétendons être. Ce qui bien sûr varie en fonction des situations et des personnes avec qui nous sommes dans l’instant.
Si nous sommes de très, très bons acteurs, les autres ne voient que cette dernière couche, car nous nous battons vaillamment pour faire en sorte que personne ne voit le Moi redouté, qui se trouve juste au-dessous de notre identité, et nous oublions complètement que notre véritable Moi étouffe sous tout cela.
Pour résumer, notre vrai Moi est tel un diamant et lorsque nous grandissons, celui-ci se couvre de sédiments. Alors, nous mettons de la crème et des décorations par-dessus pour nous rendre séduisants aux yeux des personnes qui nous entourent et à qui nous désirons plaire.
Mais si nous passions un peu de temps à dégager cette boue, les gens verraient la pureté de notre caractère et nous n’aurions plus besoin d’artifices… Ainsi, lorsque nous commençons à faire apparaître notre vrai Moi, caché sous celui que nous prétendons être, pour camoufler celui que nous redoutons être, nous passons de la position de passager à celle de conducteur… et nous nous sentons enfin libérés et confiants.
On raconte que lorsque l’on demanda à Michel-Ange comment il avait sculpté des anges aussi magnifiques, il répondit :
« Je vois les anges dans la pierre, et je taille tout ce qui est autour. »
A faire :
Même si ce n’est pas facile, je vous propose de commencer une liste dans laquelle vous inscrirez tous vos traits de caractère, en commençant par définir ceux de votre Moi authentique. Cette liste sera loin d’être exhaustive et je vous conseille de la nourrir régulièrement en découvrant vos nouvelles qualités, parfois tellement enfouies au fin fond de vous-même qu’elles pourront mettre un certain temps pour oser se montrer au grand jour.
Voici quelques questions qui pourront vous aider :
° Si je me sentais en parfaite sécurité, que ferais-je de manière différente ?
° Qui suis-je lorsque personne ne me regarde ?
° Qui serais-je si je vivais au-delà de la peur ?
Lorsque nous commençons à nous approprier notre Moi authentique, cela devient de plus en plus facile d’agir de manière cohérente avec notre vérité. Cet effet boule de neige (plus elle devient grande, plus elle roule vite) est ce qui nous permet d’effectuer des changements spectaculaires dans notre vie.
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